Flotter pour se reconnecter à soi
Plonger dans la mer, c’est bien plus qu’un moment de détente : c’est un reset neuronal. En se coupant du mental et de la performance, on active les zones du cerveau liées à la créativité et à l’intégration émotionnelle. Ce texte explore comment, après 50 ans, renouer avec ces moments sensoriels intenses peut réactiver des parts oubliées de soi.
Depuis toute petite, j’ai adoré me baigner. L’eau a toujours été pour moi un espace de reconnexion : à mon corps, à ma joie, à un sentiment profond de liberté. Enfant, je plongeais dans les eaux fraîches de la Manche, puis dans les rouleaux plus puissants de l’Atlantique.
Aujourd’hui, que ce soit à Minorque ou en Thaïlande, j’avoue que je recherche plutôt la douceur des eaux chaudes. Mais je garde toujours un plaisir intact à me jeter dans l’Atlantique, près de Bordeaux, quand les vagues m’appellent.
Quand je suis dans l’eau, quelque chose de radical change : je me débranche du mental, de l’efficacité, de la performance. Je laisse émerger d’autres zones de mon cerveau, celles liées à la créativité, à l’imagination, à l’exploration sensorielle. C’est dans ces moments-là que les idées affluent, que les solutions apparaissent naturellement, comme si l’océan lavait mes pensées et faisait un reset profond.
Et puis, surtout, dans l’eau, je n’ai pas 55 ans. J’ai 5 ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans… ou pas d’âge du tout. Juste un corps en mouvement, bercé par la mer, relié à la nature et à l’élan créatif.
Quand la vie met la baignade entre parenthèses
Pendant près de vingt ans, entre 25 et 45 ans, mes bains de mer étaient différents. J’étais maman avant tout : il fallait surveiller les enfants, gérer la logistique, préparer les goûters, penser à la crème solaire… Impossible de me laisser flotter vraiment. L’esprit restait en alerte, mobilisé sur les responsabilités.
Aujourd’hui, mes enfants ont grandi. La femme que je suis devenue retrouve la petite fille que j’étais. Quand je me baigne longtemps, je me laisse porter, entièrement libre. Mon corps et mon cerveau flottent ensemble. Et ce retour de sensations perdues me comble.
Pour moi, c’est un symbole de ce qui se joue après 50 ans : on peut à nouveau se laisser aller, libérer son esprit, se reconnecter à des parts de soi que l’on avait mises en sommeil.
Ce qui se passe dans le cerveau quand on se déconnecte ainsi
Les neurosciences nous aident à comprendre pourquoi ces moments sont si puissants. Quand on est immergé dans l’eau, notre système nerveux active la réponse parasympathique – celle qui ralentit le rythme cardiaque, apaise la respiration et réduit la production de cortisol (l’hormone du stress).
Dans le même temps, l’environnement aquatique stimule les zones cérébrales liées à la réflexion créative (notamment le réseau du mode par défaut, ou default mode network). Ce réseau, qui s’active lorsque l’on n’est pas concentré sur une tâche précise, permet l’émergence d’idées nouvelles, de solutions intuitives et de connexions inédites.
Flotter, se laisser porter, c’est aussi mettre en pause le réseau exécutif du cerveau (celui qui planifie et contrôle) pour laisser davantage de place aux circuits liés à l’imagination, à la mémoire autobiographique et à l’intégration émotionnelle.
En clair : dans l’eau, on cesse d’être uniquement en mode “faire” pour revenir en mode “être”.
Et vous ?
Que ce soit dans la mer, la montagne, un atelier créatif ou ailleurs, avez-vous retrouvé, après 50 ans, un espace qui vous reconnecte à une part essentielle de vous-même ?
Ou ressentez-vous l’envie de renouer avec cette sensation, avec cette liberté intérieure ?
Pour ma part, chaque baignade est bien plus qu’un moment de détente. C’est un rendez-vous avec la femme que je suis… et l’enfant que j’ai été.